Wikipedia & Web Communautaire: Démocratie ou Oligarchie ? Wednesday 05 December 2007 à 22:00 — by
Aziz Haddad —
3 Commentaires The Register a écrit un excellent article sur une mailing list secrète utilisée par quelques éditeurs de l’encyclopédie en ligne
Wikipedia qui leur permet de garder le contrôle sur le contenu et ainsi que leur puissant statut de “core contributors”. Je vous invite
à lire l’article dans sa forme originale et vous livre ci-dessous mon avis sur un phénomène qui concerne la plupart des communautés en ligne et autres réseaux sociaux.
“
L’Oligarchie est une forme de gouvernement dans laquelle la plupart des pouvoirs sont détenus par une petite partie de la société“. La
démocratieest un principe qui y est justement complètement opposé, on y parle de
“gouvernement de tous” ou encore comme la dit Lincoln de: “
gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple“,
une formidable utopie à l’heure actuelle sur le web et même avec
l’avènement du web 2.0 contrairement à ce que l’on peut souvent
entendre. Quelque soit le niveau (supposé être) “démocratique”, que
vous attribuez à un service ou à une communauté, que vous le veuillez
ou pas, il se transformera rapidement en Oligarchie et une certain
nombre de membres “influents” arriveront à imposer rapidement leurs
règles et à règner en maîtres sur la communauté. Essayez de soumettre
une news sur Digg (ou encore sur Scoopeo pour prendre un exemple
français) et vous comprendrez par vous même le sens de ma remarque: Si
cette même info est publié par un des “power users” elle se retrouvera
rapidement propulsée en homepage (parfois même si publiée après la
votre) ! Essayez également de soumettre un lien sur un article de
Wikipedia dans la rubrique sources par exemple, même si extrêmement
pertinent, il sera presque automatiquement censuré car assimilé à de
l’auto-promo alors que d’autres liens/news sur le même sujet pointent
vers des blogs personnels. Idem pour Dailymotion (cf. motion makers),
sur YouTube (et ses responsables de la communauté), sur Amazon (et ses
“power reviewers”) et même au sein de la blogosphère (cf. blogueurs
influents)… et autres forums et j’en passe !
Est-ce ces “happy fews” que l’on appelle “influenceurs”?
Il n’est pas question ici de remettre en cause un principe de
fonctionnement vieux comme le monde mais la question qui se pose est: “
Comment être sûr que cette “élite” n’abuse pas de son pouvoir d’influence?”
Well, la réponse est à mon avis: on ne pourra jamais en être sûr ! Et ce n’est pas
les milliers de lignesrelatives à la discussion des admins sur Wikipedia par rapport à la
fameuse affaire de la mailing list qui aideront à arriver à une
meilleure conclusion.
L’autre problème qu’il faut également prendre en compte c’est: “
L’argent”
(toujours), et ça s’applique à tout type de communauté sans exception !
Kevin Rose (le fondateur de Digg) a déclaré à plusieurs reprises que
les contributeurs de Digg ne seront jamais dédomagés financièrement
pour leurs contributions mais faut pas se leurrer: la où il y’a du
trafic y’a du cash à se faire et Digg ou encore Wikipedia dispose d’un
trafic conséquent et n’échappent (ou n’échapperont) pas à la règle.
Enfin, il y’a également le principe de “Transparence”, et c’est ce
en quoi, à mon avis excelle Wikipédia (c’est aussi la raison pour
laquelle je crois que TheRegister exagère un peu lorsqu’ ils décrivent
Wikipedia comme un “Tearing at the seams”). Bien que vous ne pouvez pas
contrôler des listes de diffusion et autres moyens de communication
externes à un site, vous pouvez rendre les process qui se produisent
sur le site les plus ouverts/transparents possible, ce qui assure que
même si les actes injustes ne sont pas trouvées, les modèles sont
facilement reconnaissables et ils peuvent être relevés par les
utilisateurs. Wikipédia est assez bonne dans ce domaine; Digg, pas
tellement.
En 1993,
Howard Rheingold (le pape des communautés virtuelles) écrivait déja:
Nous avons, pour le moment, accès à un outil qui
pourrait apporter de la convivialité et de la compréhension dans nos
vies, et pourrait aider à revitaliser la sphère publique. Ce même
outil, mal contrôlé et utilisé, pourrait devenir un instrument de
tyrannies. La vision d’un réseau de communication mondial conçu et
contrôlé par les citoyens est un projet d’utopie électronique qu’on
peut appeler l’”Agora électronique”. A Athènes, la démocratie
originelle, l’Agora était la place du marché et bien plus. C’était
l’endroit ou les citoyens se rencontraient pour parler, bavarder,
argumenter, se confronter, trouver les points faibles des idées
politiques en les discutant. Mais une autre vision pourrait s’appliquer
à l’utilisation du Réseau dans le mauvais sens, une sombre vision d’un
endroit beaucoup moins utopique, le Panopticon.